Il faut se souvenir que dans une époque pas si ancienne le mot « libertinage » avait quasiment disparu du vocabulaire standard, au profit du mot « échangisme » qui caractérisait les pratiques du moment (soirées et clubs échangistes – alias boites à partouzes - qui n’étaient pas encore dits « libertins »). Après des années de pruderie et de censure dans la France d’après-guerre, le passage de Mai 68 avait libéré certains esprits…
L’échangisme d’alors était
essentiellement le fait d’hommes en couples qui amenaient sur le
« marché » leur épouse plus ou moins consentante pour servir de
monnaie d’échange (d’où le terme « échangisme ») : je te prête ma
femme contre la tienne. Ceci permettait aux invétérés queutards masculins de se "taper" une autre femme sans risquer des conséquences dommageables (le mari de
l’autre qui pouvait s’avérer un dangereux criminel passionnel ; la
réaction de madame qui aurait pu commencer à s’imaginer demander le divorce…).
Le libertinage était alors un terme démodé du XVIIIème siècle qui faisait penser à des aristocrates en perruque poudrée s’envoyant en l’air dans les ors des palais de l’Ancien Régime… A contrario, en cette période de modernité qu’était le troisième quart du XXème siècle, personne ne se revendiquait libertin, ni en couple ni en solo. En couple on pouvait être échangiste (car on avait une femme à troquer contre une autre), en solo on était juste une personne animée de pulsions sexuelles… Pas le moindre libertin à l’horizon !
Le libertinage était alors un terme démodé du XVIIIème siècle qui faisait penser à des aristocrates en perruque poudrée s’envoyant en l’air dans les ors des palais de l’Ancien Régime… A contrario, en cette période de modernité qu’était le troisième quart du XXème siècle, personne ne se revendiquait libertin, ni en couple ni en solo. En couple on pouvait être échangiste (car on avait une femme à troquer contre une autre), en solo on était juste une personne animée de pulsions sexuelles… Pas le moindre libertin à l’horizon !
Les choses ont changé subrepticement, petit à petit… Où en
est-on aujourd’hui ?
Un facteur sans doute fondamental
dans ce changement réside dans la prise de conscience par les femmes de leur
propre autonomie et également la revendication au grand jour de leur plaisir sexuel. L’épouse que Papy
emmenait en boîte à partouzes pour l’échanger contre une autre a commencé à se
dire qu’elle aussi pouvait avoir voix au chapitre… Qu’elle pouvait s’insurger
ou sinon, à tout le moins, y trouver elle aussi son compte. Revendiquer son
propre plaisir, et pas seulement faire plaisir à Monsieur ou juste se dire
« pendant qu’il en saute une autre,
au moins il me laisse tranquille… ».
La libertine assumée était en
train de naître… Libertine en couple, mais aussi apparition d’une espèce rare : la
libertine solo. Cette évolution, en phase avec celle de la société, et sans
doute aidée par les media de grande diffusion, a fait ressusciter le vieux
concept éculé de « libertinage »… Pour parler politiquement correct,
il fallait en effet désormais éviter d’employer des expressions comme
échangiste ou partouzard, termes de plus en plus mal connotés. La nouvelle
langue de bois s’est mise à parler de libertinage (et de libertins), de sexe
pluriel (ou de pluralité)…
Dans l’échangisme de la fin du
siècle précédent, il y avait néanmoins encore des « partouzards », ceux qui le
faisaient à plus de deux (pluralité) : triolisme et plus si affinités. A
la différence des échangistes, qui ne font finalement que reproduire un schéma
bien connu du monde « vertical » (le 1+1), les partouzards ont
besoin de tiers pour assouvir leurs penchants. En ce sens, leur démarche est
plus authentique qu’un adultère déguisé à deux, car les relations à plus de deux nécessitent d'ouvrir la porte à autre chose que l’on ne trouve pas à l’intérieur de la
cellule du couple.
Cela étant, l’ancienne génération
des « échangistes » et des « partouzards » ne s’est pas
éteinte subitement comme les dinosaures : les espèces anciennes ont donc
dû cohabiter avec les nouvelles. De ce fait est née la confusion et un amalgame
fait par tous les ignorants des réalités du milieu, entre
« libertins » et « échangistes ». Certains dinosaures en
ont rajouté une couche en laissant accroire que le stade ultime, le nec plus
ultra du libertinage était en fait… l’échangisme !! Habile tentative de
refuser le changement pour essayer de maintenir les bonnes vieilles pratiques
où Bobonne n’avait rien à dire !
En réalité il n’en est rien.
L’échangisme apparaît aujourd’hui pour ce qu’il a toujours été : de
l’adultère consenti, une pratique sexuelle parmi d’autres, et qui n’est
probablement pas la plus proche de l’esprit actuel du libertinage. L’échangisme
n’est donc en rien un aboutissement et encore moins le nec plus ultra du
libertinage façon XXIème siècle !
Dans le libertinage du début de
ce siècle, la femme a acquis un droit de parole égal à l’homme, elle est donc à
parité pour faire valoir ses désirs et ses refus. De ce fait, à la différence
de leurs ancêtres échangistes, les libertins en couple marchent aujourd'hui sur des œufs: plus
question de troquer leur moitié contre celle d’un autre en toute impunité.
Les couples plus « ouverts »
sont également bien plus nombreux qu’il y a 30 ans. De ce fait, ils ressemblent
de plus en plus à Monsieur et Madame Tout-le-monde, plus ou moins formatés par les media, à
ceci près qu’ils ont une envie d’expériences sexuelles nouvelles et que certains en sont à considérer d'en ""tester" certaines. Il reste néanmoins, dans les clubs libertins, une impressionnante marée de fantasmeurs qui ne sauteront jamais le pas, et il devient par conséquent de plus en plus laborieux de trier parmi eux pour trouver de véritables partenaires libertins.
Dans ce troupeau grossissant des
libertins autoproclamés du XXIème
siècle – on estime qu’ils sont environ de 300.000 à 500.000 en France, soit
0,5% à 0,8% de la population – on trouve donc bien sûr des échangistes et des
partouzards, mais aussi des mélangistes, des triolistes, des côte-à-côtistes,
des exhibitionnistes, des candaulistes… et même des gens dont la pratique se
limite au voyeurisme quand ce n’est pas juste qu’ils ont des pulsions sexuelles
les amenant à rechercher l’âme sœur idéalisée dans le milieu sexuellement
libéré du libertinage… Bref, c’est le bordel et on n’y comprend plus
rien !
La manifestation la plus concrète
de ce nouveau rôle pris par les femmes dans le libertinage, outre qu’elles
soient considérées comme l’élément central qui décide en matière de sexe pour
le couple, c’est la vague surprenante de bisexualité féminine affichée. Aux
Etats-Unis, quasi 90% des couples déclarés libertins (swingers[1])
s’annoncent : homme hétéro, femme bi !!! En France aussi, la
bissexualité féminine est très « in ». Outre l’exemple donné par
certaines vedettes du show-biz, une raison en est sans doute que les femmes en
couple libertin y voient l’avantage de ne pas se sentir dans l’obligation de
frayer avec l’homme de l’autre couple… Les hommes, eux, doivent se dire que
c’est une bonne façon de rompre la glace, dans un premier temps, en espérant
ensuite pouvoir sauter sur la femme de l’autre couple…
Dans la réalité des clubs, ce que
l’on voit le plus souvent aujourd’hui, ce sont deux femmes en couple qui jouent
à touche-pipi pendant que leurs mecs respectifs les caressent nonchalamment ou
les observent de loin, accoudés au bar de la discothèque. Et les jeux souvent s’arrêtent
là. Les hommes potentiellement échangistes en sont donc pour leurs frais…
A vrai dire, il faut comprendre
ces femmes : si elles-mêmes sont disposées à laisser leur homme à une
autre, c’est trop souvent parce qu’il peine à vraiment les satisfaire. Mais
c’est probablement le cas aussi avec le couple en face, et rien ne garantit
qu’elles vont gagner au change… Finalement, se papouiller avec l’autre femme
est encore un moindre mal !
Bien sûr, ce n’est pas non plus
le cas général. Il y a certes des femmes sincèrement bi (mais sans doute pas
plus, en proportion, que d’hommes réellement bi) et il y a des femmes qui
refusent clairement la bisexualité. Il y en a aussi qui, bi ou pas, sont
prêtes à partager leur homme qu’elles considèrent pourtant comme un excellent
coup. Mais, dans ce cas, elles souhaitent ne pas récupérer un tromblon en face…
Si c’est le cas, elles ont toute latitude pour mettre fin aux jeux, même
abruptement.
De ce fait, le libertinage de
couple à couple est devenu nettement plus difficile ces derniers temps. Il devient
rarissime de trouver un couple dont les deux membres soient en phase et qui
corresponde aux attentes d’un autre couple. Par ailleurs, la pruderie est
partiellement de retour et les pratiques des libertins d’aujourd’hui sont
nettement plus soft, quand elles ne sortent pas carrément du cadre de la
sexualité plurielle. Les clubs libertins se sont finalement banalisés (démocratisés?) en
s’ouvrant au plus grand nombre, au point de pouvoir dans certains cas se
confondre avec des clubs ou discothèques classiques.
Le libertinage sincère et
authentique n’est pas mort pour autant, c’est d’y accéder qui est devenu
compliqué. Et pour cela, nulle recette miracle, qu’on soit seul ou en couple.
Les sites libertins sur internet, qui font miroiter leurs promesses aux
impétrants dotés de cartes de crédit, n’y changent fondamentalement rien. La
meilleure approche demeure finalement le hasard des rencontres que l’on peut
faire en club libertin ou en soirée privée, à condition d’être assez regardant
sur le choix de ces clubs ou de ces soirées.
Et bien entendu, la lecture assidue de notre blog pour vous éviter les impasses et chausse-trapes sur la route dorée du libertinage de couple!!!! Nous vous invitons donc à lire et relire encore tous nos récits publiés depuis 8 ans!
Bonnes découvertes à tous !!
[1] Swingers ne veut pas dire
échangiste en anglais. Le terme pour échangisme est « full swap », à
distinguer de « soft swap » qui correspond à mélangisme en français