Retour à Madrid (1/3): la Chueca

(Alpha raconte)

...Après cette nouvelle nuit torride avec nos amis espagnols, Maria et Roberto (voir les deux récits précédents), nous faisons la grasse matinée…. Indispensable pour recharger un peu les batteries car nous avons devant  nous un long samedi de loisirs à Madrid…

Nous émergeons vers 11h et allons prendre un petit déjeuner consistant dans le petit bar à l’angle de la rue de notre hôtel. Nous prenons ensuite le métro pour filer vers le centre-ville : au menu, le musée Thyssen-Bornemisza puis le musée Reina Sofia… Nous nous régalons de toutes ces œuvres rassemblées par les riches collectionneurs de la noblesse espagnole…. Dali, Picasso, Braque, Van Gogh, des impressionnistes français, des expressionnistes allemands… Puis nous prenons une collation dans le jardin du musée Thyssen, havre de verdure en pleine ville : un délicieux plateau de jambon serrano et de fromage manchego, accompagnés de pain à la tomate…

Le musée Reina Sofia est un vrai dédale de coins et recoins, on manque de s’y perdre à tout bout de champ dans des impasses servant de salles de cinéma… Enfin, nous accédons à la salle de « Guernica » tout au fond des collections du 2^ème étage… Quand nous ressortons, c’est déjà la fin d’après-midi et nous commençons à en avoir plein les bottes ! Nous allons éviter le musée du Prado en nocturne, Velázquez et Goya ce sera pour dimanche !

Nos pas nous mènent vers la Gran Via. Nous avons repéré que le quartier gay et lesbien, la Chueca, se trouve tout près de là, et nous avons bon espoir d’y trouver des bars et restos sympas pour dîner…. En remontant les ruelles, nous nous apercevons qu’il y a en effet nettement plus d’animation et une faune beaucoup plus bigarrée que sur le Paseo del Prado… nous croisons dans la rue beaucoup de couples de jeunes hommes ou de jeunes femmes qui se tiennent par la main…

Nous parvenons enfin sur la place de Chueca, beaucoup de monde flânant autour de la station de métro, certains déguisés façon Halloween, avec des maquillages gothiques et des plaies dégoulinant de faux sang très rouge… Nous avisons quelques personnes léchant d’énormes glaces fort appétissantes et trouvons dans la foulée la boutique du glacier, tenue par deux charmants homos. Caresse prend un triple cornet coco-leche merengada-mascarpone et moi un triple cerise-goyave-violette…que ma miss ne résistera pas à goûter !

Nous nous installons sur un banc pour déguster notre cornet et constatons que la place s’est remplie de zombies des deux sexes, tous plus affreux les uns que les autres… Comme ils sont jeunes et avec des chemises déchirées rougies de sang, nous pensons à une sorte de bizutage estudiantin. Une jolie zombie femelle se délecte d’un grand verre d’yeux avec une paille… Un couple de zombies est en tenue de mariés, le curé qui les accompagne a le front décoré d’un énorme impact de balle et un flot de sang lui dégouline sur les joues. La mariée est pareillement balafrée, les yeux cernés de noir et tient un joli bouquet de composition florale à base de tibias et de tronçons de membres, bras et jambes… De temps à autre, son « époux » en haut-de-forme lui soutire une pinte de sang en lui plantant ses canines de vampire dans la gorge…

Il y a aussi des travestis en tenue provocante, des zombies homosexuels des deux sexes qui se roulent des pelles sanguinolentes, des filles en latex moulant avec la minijupe à ras de la chatte et qui se penchent souvent vers l’avant sous n’importe quel prétexte…  Beaucoup de bonne humeur et de photographes, les flashs crépitent et tous se prêtent volontiers aux jeux immortalisés sur la pellicule, ou plutôt la carte mémoire des appareils numériques.

La foule est devenue compacte, nous peinons à nous frayer un chemin au milieu des monstres dont certains viennent faire des risettes par-derrière à ma chérie… Nous préférons trouver un endroit plus calme pour prendre notre apéro, et quittons, presque à regret, la place pour en rejoindre une autre, beaucoup plus tranquille, à 100m de là. Nous profitons ainsi de nos mojito-caipirinha avec le soleil couchant sur les derniers étages des immeubles….en continuant de voir arriver monstres et vampires de part et d’autre !

L’un des immeubles attire notre attention. Dessus est inscrit en grosses lettres : « Do you want to sleep with me ? » Je pense au départ à un magasin de literie, tout en verre noir comme un diamant, avec le nom « Oscar » en lettres lumineuses roses sur la façade. Nous nous approchons, il s‘agit en fait d’un hôtel « gay-friendly », et nous avons repéré qu’il semble y avoir une terrasse sur le toit. Nous y montons et découvrons un bar-lounge super branchouille, fauteuils et canapés en toile blanche, sushi-bar avec vue sur Madrid by night, au bord d’une piscine dont la couleur change graduellement et passe par toutes les teintes de l’arc-en-ciel homo.

Chose étonnante, au bord de la piscine sont installés trois grands lits tout blancs avec des voilages… marqués « réservés » ! Nous pensons immédiatement à des coins câlins pour jeux à plusieurs…. Mais nous sommes tout de même dans un bar qui semble « vertical », pas dans un club libertin. A moins que les fins de soirées soient plus torrides que les débuts ? Nous n’osons tout de même pas poser la question… mais nous nous promettons de revenir séjourner dans cet hôtel la prochaine fois que nous viendrons à Madrid !

Il est temps d’aller dîner, une délicieuse pizzeria nous tend les bras… avant de repasser nous changer à notre hôtel, dans le quartier bobo de Salamanca. Car ce soir nous avons prévu de retourner au célèbre club libertin de Madrid, l’Encuentros, où nous avions l’an dernier célébré mon anniversaire… Nous sommes un peu fatigués d’avoir marché toute la journée mais ma chérie est pétillante d’énergie, elle a très envie de revoir ce club et me motive à quand même ressortir à 23h 30…….. !

Elle a eu bien raison, sans doute sa petite voix intérieure lui a –t-elle intimé que nous devions impérativement retourner à l’Encuentros. Nous arrivons devant le club peu avant minuit, quelques fumeurs sont devant la porte, s’adonnant à leur vice tabagique. L’hôtesse sexy prend notre vestiaire et nous fait entrer. Nous retrouvons le splendide bar en forme de vague, nettement plus de monde que l’année dernière ce samedi soir, il faut dire aussi que nous sommes arrivés plus tard…

Ma chérie passe se changer et dévoile sa tenue sexy : blouse en tulle noir moulante et transparente mettant en valeur sa belle poitrine, jarretelles et bas noirs et, pour finir, ses nouveaux escarpins rouges et noirs à sangle avec 15 cm de talons…. Elle est aussi grande que moi, ainsi perchée !

Pour ma part, j’ai mis mon pantalon de cuir noir à lacets sur le côté et mon body moulant en lycra noir. Nous avons manifestement un certain succès, nous sentons les regards nous accrocher et nous suivre… Nous prenons nos consos et nous installons dans la partie « lounge » toute en coussins blancs et petites lumières tamisées. Les couples présents nous dévisagent avec intérêt, il ya des gens de tous âges mais plutôt dans la trentaine-quarantaine en majorité… Ma chérie me dira plus tard que, pendant notre petit tour de visite du club, beaucoup de mains baladeuses sont venues caresser ses fesses…

Le club est toujours aussi magnifique : le jacuzzi illuminé trône toujours au-dessus du coin câlin que nous appelons le « sous-marin », les coins câlins sont assez vastes, et nous en découvrons deux nouveaux, derrière la grande cage, quasi-vide pour l’instant. Ici et là, des couples nus sont déjà en pleine action, monsieur en levrette derrière madame ou madame en Andromaque sur monsieur…..

Nous optons pour le nouveau coin câlin avec de grands matelas en similicuir. Deux couples y sont déjà, un à gauche, un autre à droite, nous choisissons de nous installer à côté de celui de gauche. Ma Caresse m’avouera ensuite qu’elle les avait déjà repérés au bar… La coquine, j’ai mieux compris après coup comment elle avait pu aussi vite avoir le feeling !

De manière générale, nous avons l’impression que, dans les clubs espagnols, les libertins sont plus directs que chez nous. Les couples ne tergiversent pas pendant des heures, ils savent pourquoi ils sont là. Beaucoup font d’abord un petit tour du club, repèrent les couples présents et très vite établissent leur plan…. Nous avons constaté que beaucoup de couples sont ainsi apparus dans notre coin câlin dès que nous nous y étions installés…. Ils avaient dû nous repérer quand nous sommes passés dans le coin « lounge »…

En province, à Séville, c’était un peu différent : au Sueños, les gens se connaissaient dans l’ensemble, et même s’ils nous avaient chaleureusement accueillis, ils avaient tendance à rester entre amis. A Madrid, c’est la grande ville, et il y a davantage d’anonymat, même si les habitués se connaissent. Peut-être aussi justement l’effet « nouveauté » : ils ne nous avaient jamais vus auparavant, certains ont pu se dire qu’ils avaient envie d’ « essayer » les nouveaux… En tout cas, ni la première fois ni cette fois-ci nous n’avons manqué de sollicitations directes et fair play de la part des couples espagnols !

(fin de la première partie, à suivre!)